FM19

Séminaire parallèle 5
Performance d’un outil de dépistage aux urgences de patients candidats à des soins palliatifs

L. Guarino1, H. Gerhard Donnet2, M. J. Brochu Vez2, R. Jox2, O. Hügli2 (1Crissier ; 2Lausanne)


Contexte

De nombreux patients souffrant de Maladies Limitant l’Espérance de Vie (MLEV) consultent les services d’urgence (SU) pour des exacerbations de leur pathologie, mais peu bénéficient d’un suivi par un service de soins palliatifs (SSP). L’outil de dépistage «Palliative Care and Rapid Emergency Screening» (P-CaRES), développé pour identifier les patients susceptibles de bénéficier de soins palliatifs, se compose de deux étapes: présence d’une MLEV sévère (8 questions); si oui, identification de besoins en soins palliatifs (5 questions). Notre objectif était de tester prospectivement les performances du P-CaRES à 3 mois dans le SU d’un hôpital universitaire francophone. 

Objectif

Notre objectif était de tester prospectivement les performances du P-CaRES à 3 mois dans le SU d’un hôpital universitaire francophone. 

Méthode

Étude menée d’août à octobre 2020. Pour tout patient ≥ 18 ans consultant au SU, remplissage par les médecins du P-CaRES (<1min pour le faire). Patients exclus si inclusion préalable, suivi à 12 mois impossible, refus de participation, ou déjà suivis par un SSP. Critère de jugement: décès dans les 3 mois parmi ceux souffrant d’une MLEV. Données décrites par moyenne et écart type (ET), proportions et pourcentages et intervalle de confiance 95% (95%IC) pour les caractéristiques du P-CaRES.

Résultats

2042 patients dépistés; 229 exclus dont 9 (3.9%) car suivis par un SSP; 1809 inclus: âge 58.3 ± 21.9 ans, homme 53%; 527/1809 (29%) avec ≥1 MLEV, âgés de 73.3 ± 16.0 ans, homme 52%.; 331/527 (63%) avec un P-CaRES positif dont 78 (24%) décédés à 3 mois. La sensibilité, spécificité, valeur prédictive positive et négative du P-CaRES étaient 85% (95%IC : 76-91%), 42% (37-47%), 24% (19-29%) et 93% (88-96%), respectivement.

Discussion

Plus d’un quart des patients de notre SU souffrent d’une MLEV, dont une majorité a un P-CaRES positif et dont un quart décédera dans les 3 mois. Nos résultats suggèrent des besoins inassouvis importants en soins palliatifs dans la patientèle des urgences, alors que très peu en bénéficient. Le P-CaRES a une bonne valeur prédictive négative à 3 mois; ses valeurs prédictives à 6 et 12 mois sont en cours d’étude. Limitation: le décès à 3 mois est un indicateur robuste et simple, mais un reflet imparfait de besoins réels en soins palliatifs.

Conclusion

Nos résultats préliminaires montrent que le questionnaire P-CaRES est simple d’emploi aux urgences et identifie parmi les patients atteints d’une MLEV ceux qui ne nécessiteraient pas une évaluation par un SSP.